Écrire
Mon activité professionnelle est tout entière tournée vers les mots et s’articule autour de plusieurs axes.



Le premier est l’écriture littéraire. J’ai publié plusieurs romans et lectures destinées à la jeunesse, en collaboration avec les éditions Klett. Je publie en mai 2025 aux éditions Belfond un roman en littérature blanche adulte intitulé Les Acharnés.
Un autre roman adulte intitulé Bugs est terminé et un roman jeunesse Le grand modèle, est en cours d’écriture.
J’ai également écrit plusieurs spectacles (petites formes théâtrales, spectacles contés) dans le cadre de partenariats avec le Musée des Beaux-Arts de Rouen (La Pierre de Frisson pour l’exposition Cathédrales en 2014, Le Voyage de Blanche pour le festival Impressionniste 2018).
– Le second axe est celui la transmission, par le biais de l’écriture et des mots. Mon travail artistique a pour centre de gravité la perception de l’altérité et l’étude des liens de fraternité qui se tissent et se tendent. Dans mes romans, j’aime voir se rencontrer, se percuter, s’affronter, s’aimer des personnages et des caractères antagonistes. Cet axe de travail sous-tend également les ateliers d’écriture que j’anime depuis une dizaine d’années. Dans ma collaboration avec l’Antenne normande de l’association le Labo des histoires, je suis intervenue entre autres, auprès de jeunes réfugiés dans le cadre d’un programme de la Mission Locale, auprès de jeunes adultes encadrés par France terre d’asile, auprès de services d’accompagnement de mineurs non-accompagnés ou dans le cadre du projet Correspondances initié par le département de la Seine-Maritime. J’ai également conçu en 2023 le projet Les Autres, qui a bénéficié d’un financement de la DRAC Normandie et du Département 76, un projet d’échanges épistolaires protéiformes entre un collège de Saint-Valéry en Caux et de jeunes mineurs non accompagnés pris en charge par l’aide sociale à l’enfance du département 76. Désormais référencée sur la plateforme Adage et sur celle du CRED 76, je mène différents projets en collège et en lycée.
Ecrire n’est pas une finalité ni un acte individuel ou solitaire, mais un moyen d’entrer en communication avec l’autre, de vibrer à l’unisson avec celui ou celle à qui on s’adresse. Ecrire, c’est transmettre, partager, éprouver qui l’on est. Car on ne se révèle véritablement que sous le regard de l’autre. À l’heure où le récit d’un soi performatif est une injonction permanente, je fais le pari d’entraîner les participants de mes ateliers à faire le récit de l’autre, à entrer en empathie avec des visages inconnus et des destinées surprenantes. L’altérité est foisonnante, multiple, étourdissante de diversité, follement enrichissante.
J’interviens auprès de publics extrêmement divers, des classes de SEGPA aux personnes sous-main de justice, des résidents des EHPAD aux jeunes réfugiés, des personnes en situation de handicap aux gens de la rue. Je travaille également pour le CASNAV de l’académie de Versailles auprès duquel je dispense des formations pour les enseignants en classe UPE2A.

Mes ateliers se nourrissent, s’enrichissent au fur et à mesure de la pratique et de la grande diversité des publics rencontrés.
Ma méthodologie est fortement inspirée du creative writing né dans le monde anglo-saxon.Cette théorie prend le contre-pied d’une croyance bien ancrée en France, qui consiste à idéaliser l’écrivain, à faire de l’écriture une tâche nimbée de mystère et nécessairement conditionnée à un talent supposé inné. Le postulat de l’écriture créative, au contraire, est que l’écriture s’apprend. Dans mes ateliers, l’enjeu principal consiste à libérer la parole, à expérimenter le jeu avec les mots, à gagner une certaine dextérité dans cette manipulation… et si possible à envisager de poursuivre ce jeu au-delà des heures d’ateliers. À partir de techniques simples, d’outils coopératifs que j’ai pu développer et créer, j’encourage le surgissement spontané et naturel des mots qui ne sont plus que les instruments de la parole que l’on souhaite porter. On dédramatise ainsi l’acte d’écrire.
– Le troisième axe est celui du conte, le conte originel, le proto-récit, la bribe de mythe. Le conte est un outil extrêmement puissant et inspirant. Ses motifs, son architecture, la caractérisation et les archétypes qui y sont mis en scène prévalent toujours dans la théorie littéraire, dans la construction du récit. Le conte est un exceptionnel adjuvant, que ce soit pour stimuler la création littéraire ou pour faire surgir avec évidence la notion d’universalité dans les ateliers d’écriture créative. J’ai écrit plusieurs spectacles de contes sous des formes traditionnelles ou plus théâtralisés, notamment dans le cadre de Normandie Impressionniste, en collaboration avec le musée des Beaux-Arts de Rouen. J’anime également un groupe de conteurs semi-professionnels. Travailler la matière du conte, c’est se tenir sur le fil entre le travail de lecture, d’écriture et celui de l’oralité et des premières formes de transmission de récits.
La ligne directrice de mes ateliers de pratique artistique consiste à faire éprouver à chacun qu’il est légitime de s’emparer des mots et de prendre la parole. Les mots tus, les mots contenus par gêne, timidité, peur, sont source de frustration, de tristesse et de colère. J’ai l’habitude de dire aux participants des ateliers que les mots sont à leur service et non l’inverse. Il suffit d’un peu de discipline et de travail pour les faire obéir et éprouver l’ivresse de la liberté que l’écriture provoque. Il n’est pas de plus grand plaisir que d’assister à cette prise de conscience, cet envol créatif chez les participants.
Le deuxième enjeu que porte mon travail consiste à aider les participants à se situer, par rapport au groupe, à la classe, au collège, au monde et à l’autre en général. Qui suis-je, quels sont les liens qui me relient à la communauté humaine ? Comment éprouver cette fraternité à travers les récits, les désirs, les espoirs communs ? Comment traduire tout cela en mots, comment le mettre en œuvre ?